© MATRIciel, Maître d’ouvrage : Commune de Forest, Urbaniste : Agora-Urba
Informations générales du projet
Maître de l’Ouvrage : Commune de Forest
Programme : réaménagement des voiries Kersbeek, Bempt et Verrerie
Situation : Forest
Surface : +/- 12.000 m² incluant voiries, trottoirs, zones de stationnement, square et zones paysagères
Urbaniste : Agora-Urba
Dates : Démarrage du chantier en octobre 2019
Missions de MATRIciel
Analyses et études hydrologiques et géologiques en vue de déterminer la/les stratégies de gestion des eaux de pluie
Modélisation du comportement des eaux de surface et dimensionnement des systèmes de rétention, stockage et infiltration (jardins de pluie / bassins de rétention paysagers / noues de stockage…etc.)
Analyse et étude de la biodiversité pour son maintien et déploiement au sein du projet en lien avec le contexte et les spécificités locales
Guidance et accompagnement de l’administration communale pour le choix de la stratégie applicable en lien avec les critères techniques et économiques
Assistance à la conception urbanistique et paysagère
Description du projet
Hydrologie & Paysage
L’ambition de ce projet est d’apporter les solutions techniques et paysagères pour assurer la gestion alternative des eaux de ruissellement, leur dépollution et contribuer à solutionner les problèmes d’inondations et de requalifier l’espace public.
La gestion de l’eau est pensée en conjonction avec d’autres problématiques telles que la biodiversité, la mobilité, les micro-climats urbains…
Les rues à réaménager se situent sur un versant au sud de la commune de Forest. Ce versant recoupe des formations géologiques très contrastées. Les spécificités de ce sous-sol ont conduit au développement de sources et d’étangs. Les rues concernées par le réaménagement recoupent en plusieurs endroits le tracé d’un ancien cours d’eau qui transportait les eaux des étangs et des sources vers un ancien cours d’eau actuellement canalisé par le réseau d’égouttage.
Ce cours d’eau avait une fonction importante de transport des eaux des étangs mais aussi de l’eau qui ruisselait sur le versant, depuis l’amont vers la vallée. Selon les époques, cette eau servait l’industrie, abreuvait l’Abbaye de Forest et, bien sûr, soutenait la faune et la flore locale. Dû à l’urbanisation, la double fonction – transport à l’air libre et utilité locale – a aujourd’hui disparue. Le cours d’eau a été transformé en égout et la connexion entre le versant et la vallée est coupée tant en surface que dans le sous-sol.
En amont, les eaux des étangs urbains et celles de ruissellement sont envoyées vers le réseau d’égouts unitaires. Les égouts, de par leur mauvais état, drainent l’eau souterraine en de nombreux endroits. Engorgés de ces eaux souterraines et de ruissellement, ils inondent en aval caves, rues, etc …, et se déversent en partie dans la Senne sans traitement.
Aujourd’hui, les eaux de ruissellement et souterraines ne sont plus ‘utiles’ ; à l’inverse, elles sont devenues problématiques. Le territoire de Forest a, depuis toujours, dû composer avec la présence de l’eau. Les inondations récurrentes auxquelles les Forestois doivent faire face sont causées par la conjonction entre une topographie marquée, une urbanisation croissante et la présence d’infrastructures spécifiques telles que l’usine Audi et la station d’épuration.
Dû à cette spécificité, Forest est devenu une des communes les plus régulièrement touchées par les inondations. En réaction à cette situation, l’administration communale a souhaité développer des outils et trouver des solutions en vue de réduire les inondations mais aussi de développer une gestion plus intégrée de l’eau en ville.
Les Objectifs & propositions
Ce projet vise à désimperméabiliser l’espace publique, à favoriser le drainage des eaux de ruissellement, à créer un réseau séparatif pour éviter la surcharge du réseau d’égouttage, à créer des continuités végétales sur le site mais également avec les espaces verts environnants, à réduire la pollution des eaux de pluie et au final, à créer un espace public convivial, intégrant le cycle de l’eau et la nature pour le bien-être des citoyens.
Les problèmes d’inondation par ruissellement ont été résolus par la mise en service d’un bassin d’orage situé en amont de la zone d’intervention (hors mission).
Il subsiste toutefois des problèmes d’inondation en aval (parc du Bempt). Il s’agit d’inondations par remontée de la nappe phréatique. Cette zone du versant de Forest, de par la composition de son sous-sol, de sa pente, de ses sources, de ses cours d’eau et étangs passés a depuis toujours eu un rôle de récolte, de rétention et d’évacuation vers le Bempt du ruissellement de surface, de subsurface et souterrain. Il
ne s’agit pas d’une zone d’infiltration profonde comme on peut les retrouver sur les plateaux limoneux ou sableux. Le projet de réaménagement a pour but de rétablir dans une certaine mesure le fonctionnement
hydrologique naturel de cette zone en récoltant le ruissellement de surface et en l’évacuant plus en aval.
Les objectifs majeurs sont la déconnexion de l’égout de la majorité des eaux de pluie, leur remise à ciel ouvert en vue de recréer un maillage bleu et un maillage vert afin de restituer l’eau à l’environnement, d’éviter sa pollution dans les égouts et son traitement en station d’épuration tout en réduisant la fréquence de fonctionnement des déversoirs d’orage et le débit de pointe dans les égouts en aval.
Le projet de réaménagement permet de créer des connexions écologiques plus fortes entre les parcs communaux, d’une part en augmentant la proportion de surfaces végétalisées dans l’espace public et d’autre part en diversifiant les milieux et essences végétales. Il a également pour objectif d’améliorer la qualité des promenades entre les parcs et de créer un lien avec la Promenade Verte. Il s’intègre ainsi dans le projet de la Commune de créer des espaces publics qui donnent de la place à la nature en ville et permettent la sensibilisation et l’éducation à l’environnement. Comme par exemple l’initiation à l’apiculture en ville et l’inscription de certains parc au Réseau Nature (Natagora).
Les arbres d’alignements sont sélectionnés pour leurs caractéristiques paysagères et leur propension à développer la biodiversité sur le site ; se différenciant de la sorte des projets classiques dans lesquels on
retrouve majoritairement des essences et variétés horticoles et/ou exotiques. Pour atteindre cet objectif, des espèces indigènes sont proposées pour répondre aux besoins de la faune autochtone.
Elles permettent notamment de fournir de la nourriture aux insectes qui jouent un rôle majeur dans l’équilibre des écosystèmes car ils sont à la base du régime alimentaire de nombreux oiseaux, chauves-souris, petits mammifères, batraciens et reptiles. Les fruits sont quant à eux consommés par les oiseaux et petits mammifères. Les alignements sont également constitués d’espèces variées pour limiter la propagation
d’éventuelles maladies.
Dans notre projet d’aménagement, nous traiterons la gestion de l’eau à l’échelle du site en tirant parti du relief, en étudiant le potentiel d’infiltration et en contribuant au maillage vert et bleu. Nous intégrons par ailleurs une réflexion plus large sur les thématiques suivantes :
Mobilité :
Réflexions et études sur le potentiel de régulation de la densité de circulation, la sécurisation des espaces de circulation (zones carrossables, zones piétonnes, zones cyclo), l’intégration de la mobilité douce.
Espaces publics & confort urbain :
Réflexions et études sur la qualité et la fonctionnalité des espaces notamment au travers du confort d’utilisation (éclairage ; accessibilité PMR ; sécurisation ; mobilier urbain…) et du ressenti sensoriel (confort thermique « îlots de chaleur » ; confort acoustique ; confort olfactif…)
Biodiversité, écologie & paysage :
Étude et développement du maillage vert (en parallèle au maillage bleu) incluant une réflexion forte sur la continuité du paysage et la création de couloirs écologiques.
Impacts environnementaux :
Réflexions et propositions basées sur le principe d’analyse d’impact environnemental des techniques de mises en oeuvre et des matériaux de construction en considérant notamment l’origine géographique,
les modes de production, la durée de vie des composants, leur maintenance/entretien et en s’appuyant sur le principe d’ACV (Analyse de Cycle de Vie ou ‘Life Cycle Assessment’ – LCA)
Stratégie ‘long life & cost’ :
Réflexions et propositions en termes de gestion et de maintenance des aménagements (‘construits’ et ‘plantés’) en vue d’en réduire les coûts (fréquence d’intervention ; type d’intervention ; personnes en charge d’intervention) tout en s’assurant du maintien qualitatif et fonctionnel dans la durée. Cette réflexion s’appuie sur les principes d’une analyse ‘Life Cycle Cost’ (Analyse du cycle de vie en termes de coût d’exploitation et de gestion). Les propositions des principes d’aménagement tiennent notamment compte du paramètre économique lié à la maintenance et des possibilités de gestion différenciée (ex : entretien par les services communaux sur base d’un ‘guide de maintenance’ ; valorisation de la biomasse ; participation citoyenne par ‘appropriation et partage’ des espaces plantés ; etc.)